Aller au contenu

Page:Sand - Cosima.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voulais venger son honneur outragé, mais je ne voulais pas la faire souffrir ! Je lui pardonnais dans mon cœur. J’aurais lavé mes mains de ce sang impur, et jamais elle n’aurait su que je l’avais versé pour elle. Je sentais pour elle, dans mon cœur, des trésors de miséricorde infinis comme les tiens, ô mon Dieu ! mais cette dernière trahison ferme mon âme à tout pardon et à toute pitié. Ô lâche séducteur ! tu payeras cher la honte et le désespoir de tes victimes ! (À Cosima.) Rentrez dans votre appartement, madame, et restez-y si vous ne voulez pas que je me devienne odieux à moi-même en vous y contraignant.

Cosima, atterrée, recule devant lui peu à peu. Il la pousse dans sa chambre et l’enferme.




Scène III

LE CHANOINE, ALVISE.
LE CHANOINE.

Je m’attache à vos pas, Alvise. Vous n’irez pas exposer une vie honorable et précieuse aux coups d’un suborneur et d’un lâche.

ALVISE.

Oh ! laissez-moi, mon père !… j’ai été assez longtemps sans pitié pour moi-même ; maintenant, plus de pitié pour les autres !… Nul pouvoir humain ne peut me retenir ici un instant de plus.

LE CHANOINE.

Eh bien, sortons ensemble ; moi, je ne vous quitte pas.




Scène IV

LE DUC, ALVISE, LE CHANOINE.
LE DUC.

Arrêtez, messire Alvise ! vous vouliez sortir ; moi, je vous le défends.