Page:Sand - Cosima.djvu/105

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COSIMA.

Mais êtes-vous prêt à fuir avec moi, à quitter Florence sur-le-champ ? Vos mesures sont-elles prises ? Vous n’êtes pas en habit de voyage. Vous me trompez, Ordonio !

ORDONIO.

Peux-tu le croire ?… J’ai été forcé de paraître au bal chez le prince ; mais tout est prévu. Des chevaux nous attendent dans la cour de mon palais. Viens !

COSIMA.

Chez vous ! Et si mon mari venait nous y surprendre ? s’il était averti de notre fuite ?

ORDONIO.

Comment le serait-il ? Il m’attend à une des portes de la ville, et nous allons fuir par la porte opposée. Allons, ma bien-aimée, que l’amour le donne du courage !

COSIMA, à part, s’éloignant de lui d’un pas, et tirant à la dérobée de sa ceinture un flacon d’or qu’elle garde dans sa main jusqu’à la fin de la scène.

L’amour ! il parle d’amour en ce lieu, en cet instant ! Et ce duc qui devait me protéger !… Il faudra donc mourir !…

ORDONIO.

L’heure s’écoule, minuit approche. (À part.) Alvise, ne me voyant pas arriver, peut revenir ici… (Haut, avec impatience.) Partons donc, au nom du ciel !

COSIMA.

Vos prières ressemblent à des ordres.

ORDONIO.

Toujours de l’orgueil ! Le tien n’est-il pas assouvi, Cosima ? ne suis-je pas arrivé à ce que tu voulais faire de moi, un enfant, un jouet, un homme sans tête et sans cœur ? Que te faut-il encore ? Ne suis-je pas ici à t’implorer, tandis que, là-bas, ton mari s’impatiente et que chaque instant passé près de toi me déshonore à ses yeux ?

COSIMA.

Vous ne m’avez jamais aimée !