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Page:Sand - Cosima.djvu/121

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Vous vouliez une satisfaction ? Je vous l’ai donnée terrible pour votre adversaire, car il vient de se déshonorer sous vos yeux ; et, quelque mensonge qu’il ait à son service pour l’avenir, nous sommes ici quelques témoins honorables qui saurons proclamer la vérité si l’on nous y contraint ! Tenez-vous donc tranquille ! Il voulait vous ôter l’honneur… Laissez-lui la vie…

ORDONIO, pâle de fureur.

Monseigneur si votre rang ne vous mettait à l’abri de tout ; si, oubliant que vous êtes prince, vous vouliez vous rappeler que vous êtes chevalier, je vous demanderais raison de cette trahison.

LE DUC.

Messire Ordonio, si votre qualité d’étranger ne vous mettait à l’abri de ma justice, je pourrais me souvenir que je suis chevalier et vous châtier comme vous le méritez. Mais la foi des traités me force à vous épargner. Vous sortirez de mes États, sous bonne escorte, à l’instant même !

ORDONIO.

Et quel est mon crime ? Ai-je fait violence à cette femme ?

LE DUC.

Vous l’avez violée dans sa conscience, et c’est la pire violence qui se puisse commettre ! (À Cosima.) Madame, pardonnez-moi les angoisses que je vous ai causées, et l’oubli où j’ai paru vous laisser. Je n’ai pas cessé un instant de veiller sur vous, mais je devais m’assurer de la vérité, et l’équité a passé avant la courtoisie.

COSIMA.

Oh ! monseigneur ! votre protection a été ingénieuse et je vous en remercie… Mais ce que le sort avait décidé… est accompli… et il est trop tard pour le réparer… Oh ! Alvise…

LE CHANOINE.

Ma fille, tout est réparé ; que tout soit effacé. Alvise a le cœur assez grand pour que la tendresse y efface la souffrance, (s’interrompant.) Ah ! voyez comme elle pâlit ! Ses lèvres sont bleues… Cosima, qu’avez-vous ?