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Page:Sand - Cosima.djvu/85

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ORDONIO.

Allons donc, mon cher Alvise ! j’ai été trop payé de mes soins, et, si je puis vous prouver encore combien je vous suis dévoué… (À part.) Je gage qu’il a de mauvaises affaires !… Je serai sa caution ; c’est l’usage !…

ALVISE, après un instant de réflexion.

Grand merci ! Vous avez été payé de vos soins par notre amitié à tous ; mais, comme un usurier, vous prétendiez à un payement disproportionné, impossible !… Vous ne l’avez pas obtenu. (Ordonio fait un brusque mouvement de surprise.) Soyons calme, je ne suis pas jaloux, et surtout je ne feins pas une jalousie que je n’éprouve point, et que je sais n’être pas fondée… Vous n’avez pas porté atteinte à mon honneur, je le sais, car je sais tout !

Ordonio s’agite sur sa chaise.
ORDONIO.

De grâce, abrégeons !

ALVISE.

De grâce, contenez-vous ; nous sommes ici pour nous expliquer… Dès le principe, je n’ignorais pas les démarches que vous aviez faites pour nouer une intrigue dans ma maison, et, lorsque vous fîtes d’ardents efforts pour me tirer de prison, le chanoine, oncle de ma femme, vous fit sentir que je repousserais votre dévouement. Mais vous, alors, avec un air de franchise et de loyauté que vous possédez, vous autres grands seigneurs, vous fîtes un récit étrange auquel vous sûtes donner toutes les apparences de la vérité. Vous n’eûtes pas honte de tromper un homme qui eût cru la méfiance indigne de lui, tant il croyait le mensonge indigne de vous. Vous fûtes assez habile, assez froidement fourbe, pour lui persuader que vous n’aviez jamais eu de pensées contraires à mon repos et à l’honneur de ma famille. Vous fûtes si persuasif, que le bon prêtre vint avec vous me trouver dans mon cachot pour vous aider à lever tous mes doutes. Nous échangeâmes peu de paroles… le sujet n’en comportait guère… mais nous nous entendîmes à demi-mot. Vous mîtes