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Page:Sand - Cosima.djvu/9

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COSIMA


OU


LA HAINE DANS L’AMOUR


La première représentation du drame de Cosima a été fort mal accueillie au Théâtre-Français. L’auteur ne s’est fait illusion ni la veille ni le lendemain sur l’issue de cette soirée. Il attend fort paisiblement un auditoire plus calme et plus indulgent. Il a droit à cette indulgence, il y compte. Il n’est peut-être pas plus ignorant qu’un autre de ce qu’on appelle l’art dramatique, car il a vu représenter beaucoup de chefs-d’œuvre classiques ; il en a senti profondément les beautés, et il a sincèrement admiré le mérite des œuvres remarquables de ses contemporains ; mais il a voulu faire à sa manière et ne prendre conseil d’aucun d’eux. Il se sentait impuissant à produire de grands effets de situation, et il ne comprenait pas la nécessité de tenter une voie au-dessus de ses forces, dans un temps où l’énergie du drame a été portée si haut par de plus grands talents que le sien. Il a voulu marcher terre à terre et ne prendre qu’une face de leur manière. Plus modeste et moins ambitieux qu’on ne croit, il a été persuadé (et il l’est encore) qu’on pourrait intéresser aussi par le développement d’une passion sans incidents étrangers, sans surprise, sans terreur. Ce serait un intérêt d’un autre genre, un intérêt moins saisissant, moins rapide, sans doute ; mais, dans tous