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que la première querelle entre les deux amants, le duc y mettant trop de réalités. « Madame, disait-il, vous êtes une f… poupée, une f… bégueule, une f… pimbêche ! » L’abbé lui fit comprendre en riant qu’il était impossible de continuer sur un ton si haut monté, et on en resta là.

Après la tourmente, les deux frères revinrent à Paris. L’abbé avait une grosse liquidation à faire pour que son frère ne fût pas ruiné, car le temps était venu où les grands seigneurs étaient tenus de payer leurs dettes, et, depuis un passé immémorial, la maison de Bouillon n’avait jamais mis ses affaires au pair. L’abbé vint à bout de cette tâche réputée impossible. Il satisfit tous les créanciers, il nettoya les écuries d’Augias, comme je le lui ai entendu dire. — Ce qu’il n’a dit qu’à ses intimes amis, c’est qu’il y porta un désintéressement admirable et que, dans une affaire où on lui offrait un pot-de-vin de trois cent mille francs, il n’accepta qu’à la condition d’employer cette somme au rachat des dernières créances. Le prince le pressait d’accepter les trois cent mille francs pour sa part des bénéfices, et, ne pouvant vaincre sa résistance, il lui dit :