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sonnalité très-forte, qui ne dit rien qu’elle ne sente profondément, et qui n’acceptera plus la vie que sous la forme d’un dévouement exclusif ou d’un renoncement absolu. Un jour viendra où une passion d’outre-tombe accordera et confondra ces deux modes d’existence.

Il semble pourtant qu’en Portugal elle ait compté sur quelque résultat matériel de ses études poétiques et que l’espoir de son retour soit attaché à un triomphe littéraire.

Car, me dit-on, le sort qui, dans sa main, me brise,
À mes vers, à mes pleurs, doit un jour s’adoucir.
Car il faut que je chante et que ma voix plaintive,

Amollisse les cœurs que glace un dur oubli,

Ô rameau du poète, ô palme glorieuse,
Quand pourrai-je aborder la plage où tu fleuris !

Saint rameau, ne fuis plus ma main victorieuse,
Abrite au sol natal mes jours longtemps proscrits !
Gémis, voix de mon cœur, espoir de ma tristesse,

Lyre où palpitent mes douleurs,

Jouet de mon enfance, amour de ma jeunesse,

 Rends une patrie à mes pleurs !

Les circonstances extérieures sont-elles devenues plus favorables, ou la nostalgie a-t-elle fait de tels progrès que le retour soit jugé nécessaire ? Elle part à bord de l’Ibérie. Une tempête