Page:Sand - Elle et Lui.djvu/9

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À MADEMOISELLE JACQUES.

Ma chère Thérèse, puisque vous me permettez de ne pas vous appeler mademoiselle, apprenez une nouvelle importante dans le monde des arts, comme dit notre ami Bernard. Tiens ! ça rime, mais ce qui n’a ni rime ni raison, c’est ce que je vais vous raconter.

Figurez-vous qu’hier, après vous avoir ennuyée de ma visite, je trouvai, en rentrant chez moi, un milord anglais… Après ça, ce n’est peut-être pas un milord ; mais, pour sûr, c’est un Anglais, lequel me dit en son patois :

— Vous êtes peintre ?

Yes, milord.

— Vous faites la figure ?

Yes, milord.

— Et les mains ?

Yes, milord ; les pieds aussi.

— Bon !

— Très bons !

— Oh ! je suis sûr !

— Eh bien, voulez-vous faire le portrait de moi ?

— De vous ?

— Pourquoi pas ?

Le pourquoi pas fut dit avec tant de bonhomie, que je cessai de le prendre pour