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Page:Sand - Flamarande.djvu/183

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eaux. Il a été emporté par un homme, un homme bien mis. — Ah ! je vois une voiture, et un autre homme qui emmène l’enfant et qui roule vite, vite ; le cheval tombe, il est mort ; mais l’enfant est emmené plus loin, toujours plus loin, cela se perd, je ne peux plus les suivre, je ne vois plus rien ; je souffre, j’étouffe, je veux qu’on me laisse dormir ou qu’on m’éveille.

On n’en put tirer davantage ; mais madame, se promettant de renouveler l’épreuve, rentra comme affolée de joie. Elle s’était fait accompagner de Julie, par qui je connus exactement ce qui s’était passé. Madame avait tout noté avec soin, même l’incident du cheval mort, et à plusieurs reprises elle demanda à Julie si un des chevaux de la maison avait disparu également dans la nuit fatale. Julie, embarrassée et ne se souvenant pas, prit sur elle de m’appeler.

— Charles, me dit la comtesse, combien y avait-il de chevaux dans les écuries avant le jour de mon malheur, et combien en restait-il le lendemain ?

Je répondis que je n’en savais rien, puisque j’étais absent au moment de la catastrophe.

— Eh bien, reprit-elle, envoyez-moi Joseph, il le saura bien.

Et puis, se ravisant :

— Attendez, dit-elle, il y en avait un très-beau, le plus beau de tous, qui s’appelait Zamore ; je m’en souviens parce que j’en avais peur. Je ne