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Page:Sand - Flamarande.djvu/306

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nouville seulement et qu’à Paris il aurait un autre surveillant. Il insista, je refusai. J’étais las jusqu’à l’écœurement du métier qu’il m’imposait. Je rougissais de m’y être prêté. J’avais à racheter ma dignité, fût-ce au prix de la misère. Je repoussai les dons qu’il m’offrait en cas de retraite. Il m’avait assez récompensé en m’aidant à payer les dettes de mon père. Je ne voulais rien de plus, rien surtout qui eût l’air de payer ma discrétion.

J’étais absolument décidé et j’avais pris congé de lui, ma valise était bouclée, j’allais partir, lorsque Roger entra dans ma chambre, et, se jetant à mon cou, me reprocha en sanglotant de ne plus l’aimer, puisque je voulais l’abandonner. Ne plus l’aimer ! quand ses larmes me déchiraient le cœur ! L’abandonner !… quand, pour préserver son avenir, j’avais fait des choses, non pas seulement pénibles et périlleuses, mais honteuses et répugnantes ! Il fallut céder à ses prières et à ses caresses. Je retournai auprès de son père et lui demandai de me garder sans conditions. Il céda à son tour.

— Vous aimez trop Roger, me dit-il, pour permettre qu’un scandale se produise autour de lui. Ne me promettez rien, j’y consens. Je mets mon fils sous la garde de votre affection pour lui et de votre respect pour l’honneur du nom qu’il porte.

Toutes choses réglées, M. de Flamarande repartit pour Londres, après avoir demandé à sa femme si elle voulait l’y accompagner ou retourner à Paris.