Page:Sand - Francia.djvu/117

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révélait le dégoût qui s’était fait en elle depuis longtemps déjà. Mourzakine vit qu’il l’avait à demi persuadée et, lui prenant les deux mains dans une des siennes, il voulut lui ôter son petit châle bleu qu’elle tenait serré autour de sa taille, habitude qu’elle avait prise depuis qu’elle possédait ce précieux tissu français imprimé, qui valait bien dix francs.

— Ne m’abîmez pas mon châle ! s’écria-t-elle naïvement, je n’ai que celui-là.

— Il est affreux ! dit Mourzakine en le lui arrachant. Je te donnerai un vrai cachemire de l’Inde ; quelle jolie petite taille tu as ! Tu es menue, mais faite au tour, ma belle, comme ta mère, absolument !

Aucun compliment ne pouvait flatter davantage la pauvre fille, et le souvenir de sa mère, invoqué assez adroitement par le prince, la disposa à un nouvel accès de sympathie pour lui.

— Écoutez ! lui dit-elle, faites-la-moi retrouver, et je vous jure…

— Quoi ? que me jures-tu ? dit Mourzakine en