Page:Sand - Francia.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quand il entra au salon, il n’avait pas trouvé, et il oublia tout en présence de la belle marquise.

— Venez, cousin ! lui dit-elle, dites-moi d’abord comment vous avez passé la nuit ?

— Beaucoup trop bien, répondit ingénument le prince barbare, en baisant beaucoup trop tendrement la main blanche et potelée qu’on lui présentait.

— Comment peut-on dormir trop bien ? lui dit-elle en fixant sur lui ses yeux bleus étonnés.

Il ne crut pas à son étonnement, et répondit quelque chose de tendre et de grossier qui la fit rougir jusqu’aux oreilles ; mais elle ne se déconcerta pas et lui dit avec assurance :

— Mon cousin, vous parlez très-bien notre langue, mais vous ne saisissez peut-être pas très-bien les nuances. Cela viendra vite, vous êtes si intelligents, vous autres étrangers ! Il faudra, pendant quelques jours, parler avec circonspection : je vous dis cela en amie, en bonne parente. Moi, je ne me fâche de rien ; mais une autre à ma place vous eût pris pour un impertinent.