Page:Sand - Garibaldi, 1860.djvu/35

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que rien de grand ne pouvait plus émouvoir une civilisation trop avancée et trop positive ? Beaucoup de gens habiles, beaucoup d’esprits forts disaient cela hier ; mais que disent-ils aujourd’hui ?

Et qu’importe ce qu’ils disent ? Où sont ces gens-là et que font ces grands esprits quand il s’agit de chasser l’étranger et de reconquérir la liberté ? Voilà un seul homme, sans argent, sans pouvoir et sans appui, aux prises avec tous les obstacles que l’homme peut rencontrer dans la société constituée, et, en un clin d’œil, cet homme a des amis, des partisans dévoués, des compagnons intrépides, des populations palpitantes autour de lui. Il est donc tout-puissant l’homme qui croit ! Il dit un mot à l’oreille, il fait un signe dans l’ombre : les braves accourent, les moyens s’improvisent, les peuples se lèvent, les dangers reculent avec les obstacles, le monde frémit d’un bout à l’autre et prononce la déchéance du souverain menacé avant même qu’il ait perdu un seul homme. On sent que cela est fatal aujourd’hui ou demain, que la conscience humaine le veut, que le doigt de Dieu est levé, que Garibaldi tombant sous une balle, serait encore en esprit