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DE GRIBOUILLE

horreur une bataille dont ils n’avaient jamais eu l’idée. Des insectes aussi grands que des hommes luttaient avec rage contre des oiseaux dont le moindre était aussi gros qu’un éléphant. Les terribles dards des bêtes piquantes atteignaient parfois les flancs sensibles des alouettes, des fauvettes et des colombes ; mais les mésanges adroites dévoraient les abeilles par milliers, les aigles en abattaient cent d’un coup d’aile, les casoars présentaient leurs casques impénétrables à leurs traits empoisonnés, et l’oiseau armé, qui a un grand éperon acéré à chaque épaule, embrochait vingt ennemis à la minute.

Enfin, après une heure de mêlée confuse et d’effroyables clameurs, on vit l’armée des bourdons et de leurs alliés joncher la terre. Les oiseaux blessés se perchèrent sur les arbres, où, grâce au sourire de la reine des prés, ils furent d’abord guéris. Cette reine victorieuse, qui avait repris la figure d’une femme de la plus merveilleuse beauté, avec quatre grandes ailes de gaze bleue, vint s’abattre avec sa cour sur le bûcher de Gribouille.

« Mortels, dit-elle aux habitants du royaume, déposez vos armes et dépouillez vos haines. Embrassez-vous, aimez-vous, pardonnez-vous, et soyez heureux. C’est la reine des fées qui, par ma bouche, vous le commande. »

En parlant ainsi, la reine des prés sourit, et, à l’instant