rée, car c’est pour vous qu’on a fait tout ce massacre. Profitez-en, mangez, prenez, pillez, tuez, allez donc ! »
Et il le lança au fond de la ruche, qui était devenue un lac de sang.
Gribouille s’agita pour en sortir, et, roulant le long du chêne, il alla
tomber dans la capitale des fourmis, où à l’instant même il fut saisi
par trente millions de paires de pinces qui le tenaillèrent si
horriblement, qu’il fit un grand cri et s’éveilla.
Mais, en ouvrant les yeux, il ne vit plus rien que de
très vraisemblable : le chêne s’était refermé, la fourmilière avait
disparu, quelques abeilles voltigeaient discrètement sur le serpolet,
quelques frelons buvaient les gouttelettes d’eau que le ruisseau faisait
jaillir sur les feuilles de ses rives, et M. Bourdon, aussi tranquille
qu’à l’ordinaire, regardait Gribouille en ricanant.
« Eh bien, monsieur l’endormi, lui dit-il, voilà comme vous prenez votre première leçon ? vous vous abandonnez au sommeil pendant que je vous explique les lois de la nature ?
— Je vous en demande bien pardon, répondit Gribouille encore tout saisi d’horreur. Ce n’est pas pour mon plaisir