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Page:Sand - Histoire du veritable Gribouille.djvu/70

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HISTOIRE

son chapeau ; mais enfin, se voyant sur le point d’être dévoré, il perdit la tête et se précipita dans le ruisseau, dont il descendit le courant à la nage avec beaucoup de vitesse ; mais, à tout instant le bourdon s’élançait sur ses yeux pour l’éborgner, et il était forcé d’enfoncer sa tête dans l’eau, au risque d’être suffoqué. Alors Gribouille, se voyant perdu, s’écria :

« À mon secours, les bons génies, ne souffrez pas que ce méchant s’empare de moi ! »

Au même instant une jolie demoiselle aux ailes bleues sortit d’une touffe d’iris sauvages, et, s’approchant de Gribouille :

« Suis-moi, lui dit-elle, nage toujours et n’aie pas peur. »

Et puis elle se mit à voler devant lui, et, en un instant, une grande pluie d’averse commença à tomber et à contrarier fort M. Bourdon, qui ne savait pas voler pendant la pluie. La demoiselle s’en moquait et allait toujours. Le ruisseau se gonflait et emportait Gribouille, qui n’avait plus la force de nager. M. Bourdon essaya de s’acharner après sa proie ; mais la pluie, qui tombait en gouttes aussi larges que la main, le culbuta dans l’eau. Il se sauva comme il put, à la nage, et gagna les herbes de la rive, où Gribouille le perdit de vue.

Cependant Gribouille avançait toujours, conduit par la