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Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/142

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jean ziska.

Marchons donc à Prague, puisqu’il n’y a plus de milieu, puisqu’il faut qu’elle ou vous périssiez. Éteignons une guerre civile qui finira par amener l’ennemi au cœur de la Bohême. Nous aurons pris la ville et chassé les séditieux avant que Sigismond en ait avis. Il nous sera alors plus aisé de le vaincre avec peu de gens bien unis, qu’avec une grosse armée divisée en factions. Cependant, afin que vous ne me reprochiez rien, consultez-vous. Voulez-vous la paix ? J’y consens, mais craignez de vous en repentir. Voulez-vous la guerre ? m’y voilà tout prêt. » Cette courte harangue enflamma les Taborites. Ils coururent aux armes, et s’avancèrent jusque sous les murailles de Prague, résolus de l’attaquer vigoureusement.

Le parti calixtin était perdu, et il le sentit. Prague était affaiblie par les victoires de Ziska, et Ziska y avait plus de partisans qu’on ne l’avait pensé d’abord. Le sénat et les citoyens ne pouvaient plus s’entendre. L’armée taborite était la plus forte et la mieux trempée que Ziska eût encore présentée à ses adversaires. La consternation se répandit dans la ville, et, d’un commun accord, tous les ordres envoyèrent à Ziska maître Jean de Rockizane, prêtre hussite, homme d’un grand talent et d’un grand crédit, dont l’ambition devait causer bien des agitations et des malheurs à cette patrie qu’il venait sauver. Le vieux guerrier, vaincu par son éloquence, consentit à une réconciliation entière, et entra dans la ville avec tous les honneurs du triomphe. On éleva aussitôt un grand monceau de pierres dans le champ où cette paix venait d’être conclue, et on jura sur cette espèce d’autel druidique de se servir des pierres qui le formaient, contre le premier qui rallumerait la guerre civile.

Coribut avait été rappelé par le roi de Pologne, qui voulait se réconcilier et qui se réconcilia en effet avec