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Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/248

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demander. Vous savez que je n’ai que trop d’indulgence dans le caractère, et que ma nature ne me porte ni au soupçon ni à la haine. Aimez-moi, estimez-moi assez pour me croire : j’avais des raisons de la plus haute importance pour ne pas souffrir une heure de plus ce moine ici.

SETTIMIA.

Et il faut que je me soumette à votre jugement intérieur, sans même savoir pourquoi vous me privez de la compagnie d’un saint homme qui depuis dix ans a la direction de ma conscience ? Astolphe, ceci passe les limites de la tyrannie.

ASTOLPHE.

Vous voulez que je vous le dise ? Eh bien, je vous le dirai pour faire cesser vos regrets et pour vous montrer entre quelles mains vous aviez remis les rênes de votre volonté et les secrets de votre âme. Ce cordelier poursuivait ma femme de ses ignobles supplications.

SETTIMIA.

Votre femme est une impie. Il voulait la ramener au devoir, et c’est moi qui l’avais invité à le faire.

ASTOLPHE.

Ô ma mère ! vous ne comprenez pas, vous ne pouvez pas comprendre… votre âme pure se refuse à de pareils soupçons !… Ce misérable brûlait pour Gabrielle de honteux désirs, et il avait osé le lui dire.

SETTIMIA.

Gabrielle a dit cela ? Eh bien, c’est une calomnie. Une pareille chose est impossible. Je n’y crois pas, je n’y croirai jamais.

ASTOLPHE.

Une calomnie de la part de Gabrielle ? Vous ne pensez pas ce que vous dites, ma mère !