Aller au contenu

Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

FAUSTINA.

Ah ! voilà le hic ! Fais apporter d’autres sorbets, si toutefois il te reste de quoi les payer. (À un signe d’Astolphe on apporte un plateau avec des glaces et des liqueurs.)

ASTOLPHE.

J’ai encore de quoi payer tes révélations, dussé-je vendre mon corps aux carabins ; parle… (Il se verse des liqueurs et boit avec préoccupation.)

FAUSTINA.

Vendre ton corps pour un secret ? Eh bien, soit : l’idée est charmante : je ne veux de toi qu’une nuit d’amour. Cela t’étonne ? Tiens, Astolphe, je ne suis plus une courtisane ; je suis riche, et je suis une femme galante. N’est-ce pas ainsi que cela s’appelle ? Je t’ai toujours aimé, viens enterrer le carnaval dans mon boudoir.

ASTOLPHE.

Étrange fille ! tu te donneras donc pour rien une fois dans ta vie ? (Il boit.)

FAUSTINA.

Bien mieux, je me donnerai en payant, car je te dirai le secret d’Antonio ! Viens-tu ? (Elle se lève.)

ASTOLPHE, se levant.

Si je le croyais, je serais capable de te présenter un bouquet et de chanter une romance sous tes fenêtres.

FAUSTINA.

Je ne te demande pas d’être galant. Fais seulement comme si tu m’aimais. Être aimée, c’est un rêve que j’ai fait quelquefois, hélas !

ASTOLPHE.

Malheureuse créature ! j’aurais pu t’aimer, moi ! car j’étais un enfant, et je ne savais pas ce que c’est qu’une femme comme toi… Tu mens quand tu exprimes un pareil regret.