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Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/123

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a emmené tout ce qui pouvait se battre ou servir à se battre. Les vieillards, les enfants et les femmes resteront comme la part du feu ! Et puis elle est toute française, cette terreur qui suit l’imprévoyance ; elle n’est même pas bien profonde. Nous ne pouvons pas croire qu’on haïsse et qu’on fasse le mal pour le mal. Moi-même j’ai besoin de faire un effort de raison pour m’effrayer de l’approche de ces hommes que je ne hais point. J’ai besoin de me rappeler que la guerre enivre, et qu’un soldat en campagne n’est pas un être jouissant de ses facultés habituelles.

On dit qu’ils ne sont pas tous méchants ou cupides, que les vrais Allemands ne le sont même pas du tout et demandent qu’on ne les confonde pas avec les Prussiens, tous voleurs ! Vous réclamez en vain, bonnes gens ; vous oubliez qu’il n’y a plus d’Allemagne, que vous êtes Prussiens, solidaires de toutes leurs exactions, puisque vous allez en profiter, et que dans cette guerre vous êtes pour nous non pas des Badois, des Bavarois, des Wurtenbergeois, mais à tout