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Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/148

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meurtre, des armes de destruction et de la science militaire qu’on nous oppose. En outre la discipline est une chose morte chez nous. L’obéissance passive semble incompatible avec le progrès que chacun a fait dans le sentiment de la possession de soi-même. Les soldats veulent être bien soignés et bien commandés ; ils ne veulent plus mourir sans but et sans utilité. Quelques-uns abusent de ce droit jusqu’à la révolte ou à la désertion ; le grand nombre fait bravement son devoir, mais il comprend les fautes des chefs, il s’indigne des souffrances gratuites que l’incurie, la scélératesse ou le désordre des intendances lui inflige. Il est aussi patient, aussi résigné que possible, et fournit à chaque page de cette lamentable histoire de nos revers des preuves de sa réelle vertu patriotique ; mais il ne fait pas les miracles du temps passé et il ne les fera plus. Il n’a plus la foi aveugle ; il est entré dans la phase du libre examen.

Voilà ce que les exaltés ne veulent pas comprendre. Ils ne tiennent compte d’aucune dif-