Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/15

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deux petites filles, charmées du changement de place, un petit âne d’un bon caractère, et un gros chien qui flaire les nouveau-venus d’un air nonchalant. Les enfants rient et gambadent, c’est un heureux petit monde à part qui ne s’inquiète et ne s’attriste de rien. Au commencement de la guerre, nous ne voulions pas qu’on en parlât devant nos filles ; nous avions peur qu’elles n’eussent peur. Nous les retrouvons déjà acclimatées à cette atmosphère de désolation ; elles ont voyagé, elles ont fait une vingtaine de lieues ; elles parlent bataille, elles jouent aux Prussiens avec ces garçons, qui se font des fusils avec des tiges de roseau. C’est un jeu nouveau, une fiction, cela n’est pas arrivé, cela n’arrivera pas. Les enfants décidément ne connaissent pas la peur du réel.


22 septembre.


Chez nous, j’étais physiquement très-malade. Étais-je sous l’influence de l’air empesté du