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Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/152

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pratiquer la fraternité m’est un profond sujet de tristesse.

Ici, je ne connais que des gens excellents, très-honnêtes et sincères jusqu’à l’ingénuité ; mais leur opinion, mal établie, composée d’éléments de certitude mal combinés, chauffée à blanc par l’exaspération que nous cause à tous le malheur commun, tourne à une véritable confusion de principes. Naturellement on est trop sous le coup de mauvaises nouvelles pour raisonner, et chacun laisse échapper le cri de son cœur ou l’expression de son tempérament. Je comprends cela, je l’excuse, j’en partage l’émotion ; rentrée en moi-même, je m’affecte autant du mal intérieur qui nous ronge que des maux dont la guerre nous accable.

Est-il vrai que la république seule puisse sauver la France ?

Oui, je le crois fermement encore, mais une république constituée et réelle, consentie, défendue par une nation pénétrée de la grandeur de ses institutions, jalouse de maintenir son