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Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/175

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rie. Nous ne voulons plus de ces déchirements ! Grâce à notre droit de citoyens, nous nous sommes entendus d’un bout de la France à l’autre, nous ne voulons plus nous battre les uns contre les autres. Nous voulons être et nous sommes le frein social, le pouvoir qui enchaîne les passions et qui décrète l’apaisement.

Et cela est ainsi déjà lourdement, brutalement peut-être, mais providentiellement. Non, non ! ne touchez pas au vote, ne regrettez pas d’avoir fondé la souveraine égalité. Le peuple, c’est votre incarnation ! Vous vous êtes donné un compagnon qui vous contrarie, qui vous irrite, qui vous blesse : injuste encore, il méconnaît, il renie la république, sa mère ; mais, si sa mère l’égorge, vaudra-t-elle mieux que lui ? À présent d’ailleurs, elle l’essayerait en vain. L’enfant est devenu trop fort. Vous auriez la guerre du simple contre le lettré, du muet contre l’avocat, comme ils disent, une guerre atroce, universelle. Le vote est l’exutoire ; fermez-le, tout éclate !