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Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/210

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Le salut est dans nos mains ; périsse la liberté du moment pour assurer l’égalité et la fraternité dans l’avenir ! Égorgeons notre mère pour lui infuser un nouveau sang !

Cela est très-beau selon vous, gens de tête et main, mais cela répugnera toujours aux gens de cœur ; en outre cela est impraticable. On ne fait pas revivre ce qu’on a tué, et le peuple d’aujourd’hui, fils de la liberté, n’est pas disposé à laisser consommer le parricide. D’ailleurs cette théorie n’est pas neuve ; elle a servi, elle peut toujours servir à tous les prétendants : il ne s’agit que de changer certains mots et d’invoquer comme but suprême le bonheur et la gloire des peuples ; mais, comme malgré tout le seul prétendant légitime, c’est la république, que n’eussions-nous pas donné pour qu’elle fût le sauveur ! Il y avait bien des chances pour qu’elle le fût en s’appuyant sur le vote de la France. La France dira un jour à ces hommes malheureux qu’ils ont eu tort de douter d’elle, et qu’il eût fallu saisir son heure. Ils l’ont condamnée sans