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Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/243

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que Bourbaki, plus près de l’Allemagne que de Paris, se heurte bravement contre l’ennemi et ne l’entame pas ? Je crois plutôt que Jules Favre voit la prochaine nécessité de capituler, et qu’il espère encore une paix honorable.

Ce mot honorable, qui est dans toutes les bouches, est, comme dans toutes les circonstances où un mot prend le dessus sur les idées, celui qui a le moins de sens. Nous ne pouvons pas faire une paix qui nous déshonore après une guerre d’extermination acceptée et subie si courageusement depuis cinq mois. Paris bombardé depuis tant de jours et ne voulant pas encore se rendre ne peut pas être déshonoré. Quand même le Prussien cynique y entrerait, la honte serait pour lui seul. La paix, quelle qu’elle soit, sera toujours un hommage rendu à la France, et plus elle sera dure, plus elle marquera la crainte que la France vaincue inspire encore à l’ennemi.

C’est ruineuse qu’il faut dire. Ils nous demanderont surtout de l’argent, ils l’aiment avec passion. On parle de trois, de cinq, de sept mil-