Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/31

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Quelques-uns disent même que la transmission d’un nouveau sang dans la race vaincue modifiera en bien ou en mal nos instincts, nos tempéraments, nos tendances. Je ne crois pas à cette fusion physique des races. La guerre n’amène pas de sympathie entre le vainqueur et le vaincu. La brutalité cosaque n’a pas implanté en France une monstrueuse génération de métis dont il y ait eu à prendre note. En Italie, pendant une longue occupation étrangère, la fierté, le point d’honneur patriotique n’ont permis avec l’ennemi que des alliances rares et réputées odieuses. Nos courtisanes elles-mêmes y regarderont à deux fois avant de se faire prussiennes, et d’ailleurs la bonne nature, qui est logique, ne permet pas aux courtisanes d’être fécondes.

Ce n’est donc pas de là que viendra le renouvellement. Il viendra de plus haut, et la famille teutonne sera plus modifiée que la nôtre par ce contact violent que la paix, belle ou laide, rendra plus durable que la guerre. Quel est le caractère distinctif de ces races ? La nôtre n’a pas assez