Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/13

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hollandais, descend du plafond, et, couvert d’une épaisse couche d’oxyde, ressemble à un bijou de malachite. Onze bougies de cire, intactes bien que jaunies par le temps, se dressent encore dans ces vastes bobèches de métal qui avaient l’avantage de ne pas laisser perdre une goutte de cire, et le désagrément de répandre sur le bas de l’appartement une ombre épaisse, tandis que toute la clarté était renvoyée au plafond.

La douzième bougie de ce lustre est consumée jusqu’aux trois quarts. Cette circonstance nous frappe, ami lecteur, parce que nous regardons toutes choses avec attention ; mais elle aurait fort bien pu nous échapper à cause de l’étrange ornement qui couvre en partie le lustre et ses bougies, et qui retombe en plis opaques le long de ses branches. Vous croyez peut-être que c’est un lambeau d’étamine grise jeté là jadis pour préserver les cuivres. Touchez-y, si vous pouvez y atteindre : vous verrez que c’est un amas quasi parchemineux de toiles d’araignée couvertes de poussière.

Ces toiles d’araignée sont, d’ailleurs, partout, le long des cadres enfumés des grands portraits de famille qui occupent trois parois de l’appartement ; elles forment aux angles des murs des festons superposés avec une sorte de régularité, comme si, sous