Page:Sand - La Coupe, Lupo Liverani, Garnier, Le Contrebandier, La Rêverie à Paris, 1876.djvu/266

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Garnier, sa plume entre les dents, n’osait porter sur rien ses doigts ensanglantés ; il donna un grand coup de coude dans le tiroir, et dans la douleur que lui causa la clef qu’il avait heurtée, il fit aussitôt un soubresaut en arrière. Sa chaise manqua des quatre pieds ; ce fut alors que son paravent, placé derrière lui, perdit équilibre, et, s’abattant avec une majestueuse lenteur, couvrit de ses ailes déployées la table, la chaise, la chandelle et Garnier.

Ceci paraîtra peut-être puéril au lecteur ; c’étaient là cependant les plus grands malheurs de Garnier ; mais comme sa vie en était tissue, ses désagréments les plus légers, se succédant ainsi sans relâche, finissaient, comme autant de gouttes d’eau, par composer un torrent implacable sous lequel Garnier se débattait en vain dans le plus affreux désespoir.

Dépérissant de honte et de rage, il ne pouvait concevoir comment une chute de cheval dans une allée sablée pouvait suffire pour lui faire perdre un cœur de femme. Il jura de ne plus