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Page:Sand - La Daniella 1.djvu/196

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laisser croire, et il vaudrait mieux donner à penser que vous ne songez qu’à la Medora.

— Et quel serait l’inconvénient dont vous parlez ?

— Des coups de couteau pour vous et des coups de poing pour moi.

— De la part de qui ? Je veux tout savoir.

— De la part de mon frère, un méchant homme, je vous avertis… Je ne dépends que de lui, je n’ai plus ni père ni mère.

— Alors, c’est une menace sous laquelle il vous a plu de me placer, en faisant vos confidences…

— Moi, vous menacer et vous exposer ! s’écria la Daniella en levant au ciel ses yeux étincelants. Cristo ! croyez-vous que j’aurais dit seulement que je vous connaissais, si Tartaglia ne fût venu ici ce matin ?

— Tartaglia ? Bon ! voici le bouquet ! Et qu’est-il venu faire à Frascati ?

— Il est venu savoir de vos nouvelles de la part de la Medora, mais en secret, et en se servant d’un prétexte, car il paraît qu’elle est inquiète de vous et qu’elle s’en cache, parce qu’elle craint de vous avoir fâché par ses refus. Alors, comme ce pauvre garçon s’est mis en tête de faire réussir votre mariage avec elle, il a dit à la Mariuccia qu’il fallait m’empêcher de vous voir, parce que vous me feriez la cour et que vous ne m’épouseriez pas. Voilà comment, en venant ici rapporter votre linge, j’ai été forcée de répondre à des questions, et, si tout cela s’est embrouillé dans la cervelle de ma tante, ce n’est pas de ma faute ; mais le capucin est prudent, la vieille femme est bonne, la Mariuccia est excellente, et les choses en resteront là, pourvu que vous me permettiez de leur dire que vous ne pensez qu’à la Medora. Autrement…

— Autrement ?