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Page:Sand - La Daniella 1.djvu/237

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par la situation inexpugnable ; extension de l’association par la ligue avec les établissements voisins ; affermissement de l’existence et commencements de civilisation, aussitôt que cessent le pillage et l’hostilité entre les membres de cette race d’aventuriers fondateurs de villes ; puis, les grandes luttes contre l’ennemi commun, Rome, qui, née la dernière, grandit à pas de géant, comme un fléau vengeur des premières spoliations du sol antique ; défaites tantôt partielles, tantôt générales de la confédération latine ; alliances subies plutôt qu’acceptées avec le vainqueur ; conspirations et révoltes, toujours écrasées par l’implacable droit du plus fort ; effacement final des nationalités partielles, et fusion politique dans la grande nationalité romaine.

Mais c’est ici que l’histoire très-confuse de ces nationalités vaincues prendrait de l’intérêt si elle avait de plus grandes proportions, et si elle n’était bouleversée à chaque instant par le flot des invasions barbares. Ces peuples d’origines différentes, qui, tantôt, faisaient alliance avec les Romains contre leurs voisins, et tantôt revenaient à l’alliance naturelle contre Rome, conservèrent toujours un sentiment de patriotisme étroit, ou plutôt un secret orgueil de race qui leur fit même préférer le joug de l’étranger à celui de Home. Tusculum persista, jusqu’au XIIe siècle, à trahir en toute occasion la cause romaine, aimant mieux épouser celle des Allemands que celle des papes, comme si l’affront subi au lac de Régule n’eût pas été effacé après un millier d’années d’apparentes réconciliations. Enfin, les haine» du moyen âge rallumèrent, dans toute sa rudesse barbare, l’antique inimitié. Les Romains fondirent sur Tusculum, la pillèrent et la détruisirent de fond en comble sous le pontificat du pape Célestin III. Une circonstance caractéristique, c’est que le pape avait fait de l’abandon de la citadelle de Tusculum la condition du couronnement de l’empereur, et qu’à peine