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Page:Sand - La Daniella 1.djvu/292

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filles de la ferme et de la maison se livraient entre elles à la danse, en attendant qu’on leur servît le souper.

— C’est tous les jours ainsi, me dit Olivia, qui tenait le tambour de basque, unique orchestre de cette bande joyeuse, et qui le passa à une autre pour me parler ; — la Daniella est folle de la danse, et, quand elle vient travailler ici, il faut, bon gré mal gré, que toutes nos filles sautent, ne fût-ce qu’un quart d’heure. Est-ce que vous n’avez pas encore vu danser la Daniella ?

— Une seule fois et un seul instant !

— Oh ! alors, vous ne savez pas que c’est la plus belle danseuse du pays. Dans le temps, on venait de Gensano, et de plus loin encore, pour la voir au bal, et, quoiqu’elle nous ait quittés pendant deux ans, elle n’a rien oublié et rien perdu… Tenez, la voilà qui va reprendre ; regardez-la !

Je montai sur une borne et regardai dans l’intérieur, qu’éclairait une de ces hautes lampes romaines à trois becs, exactement pareilles à celles des anciens et très-élégantes de forme, mais qui donnent une très-médiocre lumière. D’abord je ne vis qu’un pêle-mêle de jeunes filles ébouriffées qui se livraient à une sorte de valse effrénée ; mais l’une d’elles cria :

La fraschetana !

C’est la danse de caractère, et comme qui dirait la gavotte de Frascati. Toutes s’arrêtèrent et firent cercle pour voir Daniella ouvrir cette danse avec une vieille femme de la campagne, qui passe pour avoir gardé la véritable tradition. Olivia me fit signe d’entrer par la fenêtre : je ne me fis pas prier, et me mêlai à l’assistance sans éveiller la moindre surprise ; toutes ces fillettes étaient absorbées par les deux grands modèles de l’art chorégraphique indigène qu’elles avaient à contempler.

Cette danse est charmante : les femmes tiennent leur tablier, et le balancent gracieusement devant elles en minau-