Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/22

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Il s’était repenti sans doute, puisqu’il était mort chrétiennement et avec beaucoup de calme ; mais les trésors, les avait-il rendus à Satan en lui reprenant son âme ? On se réjouissait qu’il eût trépassé dans le sein de l’Église ; mais on n’eût pas été fâché de retrouver les dons infernaux et d’en être l’heureux légataire.

Nul ne pouvait soupçonner les intentions du marquis. Il ne les avait jamais laissé pressentir à personne, traitant avec la même indifférence tous les membres de sa famille, leur venant en aide au besoin dans des proportions très-prudentes, ne permettant à aucun d’eux d’accaparer son temps et de troubler sa solitude, ne répondant jamais à aucune lettre, à moins qu’on ne lui demandât un service, auquel cas il faisait répondre par son premier valet de chambre, pour accorder, quand il le jugeait à propos et toujours dans d’assez sévères limites, la démarche ou le secours qui lui était réclamé. Jamais brutal ni pédantesque dans les courtes épîtres qu’il dictait, il faisait toujours sentir la griffe d’un homme moqueur et méfiant sous la