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Page:Sand - La Filleule.djvu/292

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sesse, si elle veut de moi ; mais je doute qu’elle s’accommode de mes quarante ans et surtout de l’absence de prestige à laquelle doit se résigner un homme qui vous a bercée, et qu’on voyait déjà vieux alors qu’il était encore jeune. Or, écoutez, mon cher duc, je ne veux pas être la condition sine quâ non de la délivrance de Morenita. L’amour de la liberté pourrait lui arracher le oui fatal, et que voulez-vous ? j’ai encore la prétention d’être aimé, ne fût-ce que dans les premières années de mon mariage. C’est peut-être par amour-propre que j’y tiens ; car, au fond, je suis assez philosophe, mais j’y tiens. Je vous avertis donc que Morenita ne sortira pas du couvent à cause de moi, à moins que je ne lui aie parlé moi-même.

— Est-ce que vous croyez, dit le duc, que cela ne vaudrait pas la peine de faire le voyage de Turin ?

— Oui, si vous me donnez votre parole d’honneur de ne la prévenir en aucune façon.

Le duc s’y engagea et donna à Clet une lettre d’introduction auprès de sa parente la supérieure, afin qu’il pût voir Morenita comme pour lui apporter des nouvelles du duc et de la duchesse.



XIII


FRAGMENT D’UNE LETTRE DE CLET À STÉPHEN ET À ANICÉE
« Turin, 10 décembre 1847.

. . . . . . . . . . . . . . .

» À présent, chers amis, que je vous ai raconté toute l’affaire, et que vous savez où prendre votre pauvre Morenita,