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Page:Sand - La Filleule.djvu/52

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30 septembre.

Elle est revenue, avec sa mère cette fois. J’ai été profondément ému. Cette mère, ô mon Dieu ! c’est la mienne ; elle lui ressemble, non pas trait pour trait ; mais leurs âmes étaient semblables, puisque tant de signes extérieurs établissent dans mon souvenir une similitude qui me pénètre et me bouleverse. C’est la voix de ma mère ; c’est son regard si ferme dans la franchise, si doux dans la bonté ; c’est sa démarche, sa manière de s’habiller, presque aussi simple, en vérité, quoique cette dame soit riche. C’est son esprit surtout, son jugement droit, sa tendre indulgence, sa modestie, sa grâce. Elle a quarante-six ans, dit-on ; elle paraît à peine plus âgée que ne l’était ma chère défunte la dernière fois que je la vis. Comme les femmes de Paris se conservent longtemps ! Nous n’avons pas l’idée de cela dans nos campagnes. La belle Anicée de Saule dit tout haut qu’elle a trente ans. Je ne puis le croire. C’est, à peu de chose près, l’âge qu’avait ma mère, et il ne me semble pas qu’elle soit plus âgée que moi d’un jour. Si l’on nous voyait ensemble dans mon pays, sans nous connaître, on croirait que je suis le frère de l’une et le fils de l’autre…

Les champignons pullulent dans la forêt ; c’est, quoi qu’on en dise, la plus saine nourriture qui se puisse trouver ; elle est presque aussi fortifiante que la chair des animaux et offrirait aux paysans une ressource véritable pendant la moitié de l’année. Malheureusement ils connaissent peu les espèces alimentaires, et, quand ils ne s’empoisonnent pas, ils ont une méfiance qui va jusqu’à s’abstenir entièrement. J’en ai vu qui vendent des échantillons superbes pour la consommation, et qui, pour rien au monde, ne voudraient en manger.

J’ai trouvé l’agaric-améthyste en assez grande quantité ces