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Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/106

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était vrai, honnête, et je n’en rougirais devant personne.

— Oui ; mais si votre future savait qu’au moment d’arriver, vous avez pensé à une autre, ça la disposerait mal pour vous. Ainsi faites attention aux paroles que vous direz maintenant ; ne me regardez pas comme ça devant le monde avec un air tout singulier. Songez au père Maurice qui compte sur votre obéissance, et qui serait bien en colère contre moi si je vous détournais de faire sa volonté. Bonjour, Germain ; j’emmène Petit-Pierre afin de vous forcer d’aller à Fourche. C’est un gage que je vous garde.

— Tu veux donc aller avec elle ? dit le laboureur à son fils, en voyant qu’il s’attachait aux mains de la petite Marie et qu’il la suivait résolument.

— Oui, père, répondit l’enfant qui avait écouté et compris à sa manière ce qu’on venait de dire sans méfiance devant lui. Je m’en vais avec ma Marie mignonne : tu viendras me chercher quand tu auras fini de te marier ; mais je veux que Marie reste ma petite mère.

— Tu vois bien qu’il le veut, lui ! dit Germain à la jeune fille. Écoute, Petit-Pierre, ajouta-t-il, moi je le souhaite, qu’elle soit ta mère et qu’elle reste toujours avec toi : c’est elle qui ne le veut pas. Tâche qu’elle t’accorde ce qu’elle me refuse.