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Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/117

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voyait, on penserait qu’elle veut rester veuve et il n’en viendrait pas d’autre.

— Ah ! oui ! Ceux-là servent d’enseigne !

— Comme vous dites. Où est le mal, si cela leur convient ?

— Chacun son goût ! dit Germain.

— Je vois que ce ne serait pas le vôtre. Mais voyons, on peut s’entendre : à supposer que vous soyez préféré, on pourrait vous laisser la place.

— Oui, à supposer ! Et en attendant qu’on puisse le savoir, combien de temps faudrait-il rester le nez au vent ?

— Ça dépend de vous, je crois, si vous savez parler et persuader. Jusqu’ici ma fille a très bien compris que le meilleur temps de sa vie serait celui qu’elle passerait à se laisser courtiser, et elle ne se sent pas pressée de devenir la servante d’un homme, quand elle peut commander à plusieurs. Ainsi, tant que le jeu lui plaira, elle peut se divertir ; mais si vous plaisez plus que le jeu, le jeu pourra cesser. Vous n’avez qu’à ne pas vous rebuter. Revenez tous les dimanches, faites-la danser, donnez à connaître que vous vous mettez sur les rangs, et si on vous trouve plus aimable et mieux appris que les autres, un beau jour on vous le dira sans doute.

— Pardon, père Léonard, votre fille a le droit d’agir comme elle l’entend, et je n’ai pas celui de la