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Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/127

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bourgeois, lui cria de s’arrêter. Germain n’avait jamais vu le fermier des Ormeaux ; mais un instinct de rage lui fit juger de suite que c’était lui. Il se retourna et, le toisant de la tête aux pieds, il attendit ce qu’il avait à lui dire.

— N’avez-vous pas vu passer par ici une jeune fille de quinze ou seize ans, avec un petit garçon ? dit le fermier en affectant un air d’indifférence, quoiqu’il fût visiblement ému.

— Et que lui voulez-vous ? répondit Germain sans chercher à déguiser sa colère.

— Je pourrais vous dire que ça ne vous regarde pas, mon camarade ; mais comme je n’ai pas de raisons pour le cacher, je vous dirai que c’est une bergère que j’avais louée pour l’année sans la connaître… Quand je l’ai vue arriver, elle m’a semblé trop jeune et trop faible pour l’ouvrage de la ferme. Je l’ai remerciée, mais je voulais lui payer les frais de son petit voyage, et elle est partie fâchée pendant que j’avais le dos tourné… Elle s’est tant pressée, qu’elle a même oublié une partie de ses effets et sa bourse, qui ne contient pas grand-chose à coup sûr ; quelques sous probablement !… mais enfin, comme j’avais à passer par ici, je pensais la rencontrer et lui remettre ce qu’elle a oublié et ce que je lui dois.

Germain avait l’âme trop honnête pour ne pas hésiter en entendant cette histoire, sinon très vraisem-