Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/175

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le chanvreur.

Montrez-la tout de suite, car nous sommes en méfiance.

le fossoyeur.

Eh bien, ouvrez une porte ou une fenêtre, qu’on vous passe la bête.

le chanvreur.

Oh ! que nenni ! pas si sot ! je vous regarde par un petit pertuis et je ne vois parmi vous ni chasseurs ni gibier.

Ici un garçon bouvier, trapu et d’une force herculéenne, se détacha du groupe où il se tenait inaperçu, éleva vers la lucarne une oie plumée, passée dans une forte broche de fer, ornée de bouquets de paille et de rubans.

— Oui-da ! s’écria le chanvreur, après avoir passé avec précaution un bras dehors pour tâter le rôt ; ceci n’est point une caille, ni une perdrix, ce n’est ni un lièvre, ni un lapin ; c’est quelque chose comme une oie ou un dindon. Vraiment, vous êtes de beaux chasseurs ! et ce gibier-là ne vous a guère fait courir. Allez plus loin, mes drôles ! toutes vos menteries sont connues, et vous pouvez bien aller chez vous faire cuire votre souper. Vous ne mangerez pas le nôtre.