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Page:Sand - La Ville noire.djvu/144

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la ville noire.

mais les déclara très-jolis, craignant de passer pour une bête s’il était d’un autre avis que « sa princesse ; » seulement il se persuada qu’il en ferait bien autant s’il voulait, mais il ne voulut pas.

Tonine et Lise répandirent les chansons en les vantant beaucoup ; puis il leur vint une idée, qui fut de les faire envoyer sous enveloppe, par Gaucher, au journal des petites affiches de la ville, où quelquefois elles avaient lu les élucubrations des poètes de la localité, lesquelles ne leur avaient pas toujours paru bien belles, et qu’on imprimait quand même. Le samedi suivant, elles trouvèrent avec joie une des chansons de leur poète dans la feuille hebdomadaire. Ce fut pour les ouvriers de la Ville Noire la consécration du talent d’Audebert, et Tonine imagina encore de lui faire préparer un petit triomphe pour sa rentrée dans les ateliers. Deux ou trois jeunes gens, qui avaient du goût pour chanter, apprirent ses vers, et se mirent à les entonner en chœur quand il parut. De l’atelier où travaillait Tonine avec ses compagnes, des voix de jeunes filles répondirent le second couplet. Audebert fondit en