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la ville noire.

lier m’aura assez bien servi, s’il me met à même d’expérimenter mes découvertes.

Il confia de nouveau la direction des ouvriers à Va-sans-Peur, après une réprimande à la fois amicale et sévère qui fut prise en bonne part, et qui ramena le calme dans l’atelier. Quant à lui, il s’installa dans une espèce de chambre qu’il se construisit lui-même avec des planches dans sa galerie, et où il brava le froid, qui commençait à se faire sentir, travaillant jour et nuit, dessinant, fabriquant de petits modèles et se creusant l’esprit avec une résolution héroïque.

Malheureusement son instruction n’était pas à la hauteur de son courage et de son intelligence. Il eût fallu avoir plus que des notions élémentaires des lois scientifiques qu’il prétendait deviner, et qui lui créaient à chaque instant des obstacles imprévus. Il espérait trouver la lumière dans les livres ; mais, outre qu’il n’en avait guère et qu’il ignorait s’ils étaient bons, ils étaient, à beaucoup d’égards, lettres closes pour lui. Il n’osait aller, à la ville haute, consulter d’anciens praticiens devenus savants : il avait peur de passer pour un fou d’un autre genre