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la ville noire.

honteux et n’osant parler à personne. Quand je me décidai à demander la ville basse, on me rit au nez. — Pour trouver la ville basse, mon garçon, vous n’auriez pas dû faire une lieue en montant. À présent, il faut redescendre ; mais on va vous montrer un sentier un peu roide qui vous y mènera tout droit. — Et je descendis à travers les jardins, puis le long du roc, et enfin dans les petites rues où l’on marche à tâtons, et je me hasardai à demander mon parrain, le père Laguerre. Descends encore, me fut-il répondu ; descends jusqu’au Trou-d’Enfer, et là tu verras à ta gauche l’atelier où il travaille.

Je crus qu’on se moquait de moi : le Trou-d’Enfer ! Je suis de la plaine, moi, et je ne connaissais guère les précipices. Et puis un trou d’enfer au milieu d’une ville, ça ne me paraissait pas possible ! Et cependant j’entendais le grondement de la chute d’eau ; mais comme la nuit était venue et que les flammes des fourneaux montaient par centaines sous mes pieds, je vis tout à coup la cascade éclairée et rouge, et je m’imaginai voir courir et tomber du feu. Je fus bien près de me sauver ! Pourtant je pris