Page:Sand - La Ville noire.djvu/218

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Dieu me pardonne ! n’est-ce pas Audebert qui est devenu fou ?

— Eh bien ! oui, répondit Va-sans-Peur : on n’a pas voulu te l’écrire ; mais il y a déjà quelque temps que la tête a déménagé tout à fait. C’est la faute de ces fainéants de la ville haute, que ton parrain a bien raison de mépriser ! Ils ont été jaloux de ce qu’il y avait à la Ville Noire un chansonnier plus fort que tous leurs messieurs, et ils ont voulu s’en faire honneur auprès des étrangers. Ils l’ont invité à je ne sais quelle farce qu’ils appellent une société académique. Ils lui ont donné un banquet, ils lui ont flanqué des lauriers sur la tête, et tant d’honneurs, et tant de compliments, et tant de bêtises, qu’ils nous l’ont renvoyé comme le voilà. On a cru qu’il s’était enivré et que ce serait passé le lendemain ; mais point. Voilà trois mois qu’il ne fait plus rien que courir les rues et les chemins avec sa couronne, et un tas de galopins à ses trousses.

— Pauvre Audebert ! dit Sept-Épées, les yeux pleins de larmes. Cela devait finir ainsi. Allons ! je ne suis donc revenu ici que pour voir tout en