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Page:Sand - La Ville noire.djvu/45

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la ville noire.

quer. Sept-Épées est venu pour cela, je le sais ; toi aussi, je m’en doute. Il n’y a donc plus à reculer.

Elle prit sa fille et rentra. Gaucher, surpris, exhorta Sept-Épées à parler. Tonine attendit qu’il parlât. Sept-Épées, cherchant une échappatoire qui ne venait pas, demeura plus muet qu’une souche.

Tonine sentit deux grosses larmes couler sur ses joues. Peut-être, s’il les eût vues, Sept-Épées eût-il été vaincu ; mais il ne les vit pas, et Tonine comprit qu’elle devait tout prendre sur elle.

— Ne boudez pas, compagnon, dit-elle d’un ton enjoué qu’elle mit toute sa fierté et tout son courage à soutenir ; je ne vous suis pas ennemie et je ne vous méprise pas. Je vous sais honnête homme et bon ouvrier ; mais je n’ai guère l’idée de me marier à l’âge où je suis. Je me trouve trop jeune, et je ne crois d’ailleurs pas que nous puissions nous convenir.

Sept-Épées se sentit si bien battu par la dignité de Tonine qu’il fut plus piqué que réjoui de se voir libre. — Vous voyez bien, Tonine, lui dit-il avec dépit, que je ne me trompais pas sur vos sentiments