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Page:Sand - La Ville noire.djvu/49

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la ville noire.

ne vous cacherai rien. Vous avez trop d’esprit et trop de convoitise pour la richesse. Ce sont des qualités sans doute que vous avez là, mais avec moi ce seraient des défauts. Quand vous m’avez parlé de mariage, Sept-Épées, vous avez cru me donner grande envie de vous en me disant : Je ferai fortune, je vous en réponds. Outre qu’en travaillant à la pièce je peux fournir le double des autres, j’ai dans la tête des inventions qui me feront avant peu l’associé de quelque maître…

— J’ai dit cela en l’air, répliqua Sept-Épées, confus et piqué, ou je vous l’ai dit en secret. Vous auriez dû, ou l’oublier, ou le garder pour vous, Tonine !

— Si c’est un secret, repartit la Tonine, je suis bonne pour le garder, soyez tranquille, et, en le disant devant Gaucher, je ne l’expose pas ; mais, que ce soit sérieux ou non, j’ai vu là de quoi réfléchir. Je ne suis pas, disiez-vous, pour rester enterré dans la Ville Noire. J’y suis entré petit apprenti, j’en veux sortir maître et propriétaire ; moi aussi j’aurai quelque jour là-haut ma maison peinte et mon jardin