Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/186

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nous reviendrions avant la chaleur, s’il nous était possible, et nous aviserions à descendre au fond de l’invisible abîme placé sous nos pieds. Cette raisonnable proposition ne convint point à l’ardent Nasias.

― Quand je devrais périr ici, répondit-il, je veux voir ce qu’il y a entre nous et ce pic maudit.

Et, s’élançant sur la glace fragile, il se mit à la briser avec fureur à coups de pied, ramassant les fragments les plus gros qu’il pût soulever et les lançant de toute sa force pour entamer une plus grande surface. Voyant que nous étions perdus, je ne songeai plus qu’à hâter le moment de notre destruction. Je m’associai à la délirante entreprise de mon oncle, et, fracassant les dernières ondulations du lac de verre, je parvins à en détacher une masse considérable, qui s’écroula dans l’abîme avec un bruit de vitres cassées et nous permit enfin d’en voir le fond.

Quel spectacle étrange et grandiose s’offrit alors à nos regards ! Sous la croûte de verre s’ouvrait