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Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/259

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nue en lui pour l’éducation pratique. Enfin le mieux à dire est peut-être ceci : que Rousseau, à l’époque où il fut père, n’était pas encore le grand Rousseau qu’il fut plus tard. Il n’aima la vertu qu’en la sentant déborder et apparaître comme la véritable forme de son génie austère. Qui la lui eût apprise auparavant ? Ce n’est pas madame de Warens, elle qui vivait en dehors de toute pratique. Ce n’est pas la vie errante, les amours de rencontre, la société des beaux esprits, l’exemple du grand monde, si bien suivi par les bourgeois du temps. Rousseau, homme fait, portait en lui l’amour du bien, l’enthousiasme du beau, et il n’en savait rien encore. L’absence d’éducation morale avait prolongé l’enfance de son esprit au delà du terme ordinaire, et l’on peut même dire que son caractère eut toujours les illusions, les exagérations, les spontanéités capricieuses de l’enfance. Il fut à l’égard de la philosophie comme nous sommes tous à l’égard de telle ou telle étude particulière dont nous découvrons tard l’importance, le charme et la profondeur. La