douteux qui pourraient jusqu’à un certain point innocenter Rousseau de sa principale faute. Je lui dois de l’accepter avec cette faute. Il m’a fait tant de bien, il m’a ouvert tant d’horizons, il m’a créé tant de nobles jouissances, il m’a si bien détaché des sottes distinctions sociales et des mille choses vaines à la possession desquelles j’ai tant vu autour de moi sacrifier le vrai bonheur et la vraie dignité, que je ne me reconnais pas le droit de lui demander compte de ses erreurs. Depuis quand l’obligé a-t-il bonne grâce à faire comparaître son bienfaiteur sur la sellette de l’accusé ?
Enfin Rousseau a été le plus malheureux des
hommes, et sa mémoire est encore une des plus
discutées et des plus outragées qu’il y ait. La
pitié qu’il inspire lui survit, on le sent persécuté
encore ; dès lors, on a besoin de le défendre, de
l’aimer comme s’il était là, et de s’imaginer qu’on
le console, comme s’il pouvait vous entendre et
guérir de sa douleur.
Ne sait-on pas, d’ailleurs, que madame d’Hou-