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Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/288

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noueuses qui recommençait partout et ne se décidait à finir nulle part. C’était fort alléchant, mais j’avais trop écouté la farce du geai, l’heure était écoulée. Je retournai à la voiture, qui m’attendait, et je rouvris mon beau livre.

Je le refermai sur ces mots : Quant à moi, j’admire tout comme une brute ! Admirer, dit-il toujours à propos de Shakspeare, être enthousiaste ! il m’a paru que, dans notre siècle, cet exemple de bêtise était bon à donner… Mais pourquoi dire dans notre siècle ? Notre siècle est encore le meilleur de tous ceux que nous connaissons. Si Voltaire vivait encore, il serait modifié ; il bénéficierait d’un siècle plus mâle que le sien et comprendrait probablement un peu Shakspeare. Il le respecterait du moins… Et puis ne dites-vous pas : « Convenons-en, le grand, le fort, le lumineux, sont à un certain point de vue des choses blessantes ? Être dépassé n’est jamais agréable ; se sentir inférieur, c’est être offensé. Le beau humilie en même temps qu’il enchante, on cherche à se venger du plaisir qu’il vous fait. Une poignée de main d’Hercule