Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/315

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très-délicate restriction. Que l’on ne parle pas avec mépris des obscurités de Beethoven ; mais faut-il dire : « J’admire les ténèbres, je les aime autant que le soleil ? » Si les ténèbres ont leur majesté, où il y a trop de ténèbres, il y a un peu de néant. Nous aimons tous l’antithèse, et nous ne sommes pas fâchés de voir les génies dépasser la mesure, si c’est une condition de leur essor complet ; mais ne devons-nous pas faire ce raisonnement : si le génie n’est pas une puissance intrinsèquement perfectible, c’est du moins une puissance que le progrès délie de ses entraves ; c’est un Prométhée dont l’humanité brise les chaînes, et Prométhée doit profiter de sa délivrance pour voir plus clair et pour rendre des oracles profitables à toute l’humanité. Les grands inspirés des temps antiques sont pleins de mystères. Si nous sommes certains que ces nuages furent bien dans leur pensée et que ce n’est pas la distance qui nous empêche de voir à travers, — ce qui n’est pas absolument prouvé, — souhaitons que les grands inspirés des temps modernes n’aient pas trop de